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Interview croisee

« L’UTP EST NOTRE MAISON COMMUNE »

Quel bilan dressez-vous de l’année écoulée ?

Marie-Ange Debon : 2022 est l’année de tous les records. C’est une année marquée par une série d’événements climatiques violents, et c’est aussi l’année la plus chaude jamais mesurée en France. On le sait, les fortes chaleurs ont été rendues 500 fois plus probables du fait de l’influence humaine sur le climat. Les déplacements de voyageurs et de marchandises ont leur part de responsabilité, car ils représentent plus de 30 % des émissions de gaz à effet de serre. La bonne nouvelle, c’est que les transports publics sont une partie de la solution : les bus et cars ne représentent que 0,7 % de ces émissions, et le ferroviaire, seulement 0,1 %. Les transports publics sont donc un levier très puissant pour la transition écologique, et ils sont immédiatement disponibles. Mais les opérateurs ont besoin d’un soutien massif compte tenu des différentes crises sanitaires et énergétiques qu’ils ont traversées. La solution est à portée de main, il faut s’en saisir.

Florence Sautejeau : Pour les opérateurs de transports, l’année 2022 est une année particulière à plusieurs égards. D’abord, elle devait être consacrée à la sortie de crise sanitaire qui a fortement touché le secteur. Mais la crise énergétique, qui a fait suite à la guerre en Ukraine, a rebattu les cartes. Par ailleurs, 2022 a été une année riche sur les plans institutionnel et politique. Au 1er janvier, la France prenait la présidence du Conseil de l’Union européenne pour six mois. Le début de l’année a également été marqué par l’élection présidentielle, et par les élections législatives quelques semaines plus tard. L’occasion pour les opérateurs, réunis au sein de l’UTP, de peser dans le débat public, autant à l’échelle nationale qu’européenne.

M.-A. D. : Les transports publics ont en effet un rôle essentiel à jouer dans les réponses aux problématiques de la planète et de la société : grâce à leur capacité de décongestion des villes, de décarbonation de l’air, de désenclavement des territoires et d’inclusion sociale, ils participent à l’amélioration de la qualité de vie. En résumé, l’actualité en 2022 a plaidé en faveur d’un choc d’offre que nous nous employons à déclencher.

Quels ont été les travaux majeurs de l’UTP en matière sociale ?

F. S. : Côté branche ferroviaire, nous avons conclu plusieurs accords : un accord « Classifications et rémunérations » et un accord « Sac à dos » conventionnel. En 2022, deux négociations se sont conclues sur la question des salaires minima de branche pour tenir compte de la situation inflationniste. Mais il reste encore à faire sur la prévoyance, la complémentaire santé, la sécurisation des parcours professionnels notamment.

M.-A. D. : La négociation sociale n’est pas un long fleuve tranquille, mais la recherche du compromis dans le respect des positions de chacun est un chemin indispensable au bon fonctionnement de notre société. Côté transports urbains, l’UTP a ouvert avec les organisations syndicales des chantiers structurants pour notre métier, comme la refonte des classifications qui datent de 1975 et ne sont plus adaptées à nos métiers d’aujourd’hui. J’ai confiance dans notre responsabilité collective pour trouver les voies de passage.

Quelles sont les actions de l’UTP pour la défense du secteur ?

M.-A. D. : Notre secteur représente 260 000 emplois de proximité répartis sur tout le territoire. Les entreprises françaises sont reconnues pour leur savoir-faire et présentes dans plus de 60 pays sur les cinq continents. Parmi elles, trois entreprises, adhérentes à l’UTP, sont les trois leaders mondiaux du transport urbain et ferroviaire. Pour son rayonnement à l’international, comme pour son économie, la France doit tout faire pour maintenir ce haut niveau de performance. L’UTP s’emploie à faire connaître les atouts, et à renforcer la place de ce secteur stratégique dans le débat public.

F. S. : Dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne, l’UTP a réuni en début d’année plus de 370 acteurs, dont la présidente de la commission Transports au Parlement européen et le ministre chargé des Transports, pour évoquer les grands enjeux de notre secteur. L’occasion de rappeler l’importance de placer les transports publics et ferroviaires au coeur du Green Deal européen et de leur consacrer davantage de financements européens. Pour l’élection présidentielle, l’UTP a publié un manifeste intitulé « Donnons enfin la priorité aux transports publics et ferroviaires » listant 20 propositions concrètes et dans lequel elle appelait les candidat(e)s à s’engager autour d’objectifs chiffrés ambitieux, à savoir doubler la part modale à la fois du transport public urbain et du transport ferroviaire de voyageurs et de fret. L’UTP s’est également mobilisée dans le cadre du Plan de résilience et du projet de Loi de finances pour 2023. Présentées lors de sa conférence de presse annuelle de rentrée, nos demandes ont été partiellement entendues par le gouvernement, notamment la mise en place d’un dispositif d’aide directe obtenu pour les opérateurs de fret ferroviaire, à hauteur de 26 millions d’euros. Le fret ferroviaire fait et continuera de faire l’objet d’une attention particulière, non seulement pour répondre à la volonté du gouvernement de doubler sa part d’ici à 2030, mais aussi car ses surcoûts énergétiques, en 2023, sont quatre fois supérieurs à ceux de 2022.

M.-A. D. : À l’image de l’European Mobility Expo, qui s’est tenu en juin 2022 à la Porte de Versailles à Paris, l’UTP est le lieu d’échange et de confrontation des idées qui permet de définir nos intérêts communs, à nous, opérateurs de transports publics de voyageurs, urbains et ferroviaires, opérateurs de fret, gestionnaires d’infrastructures ferroviaires, et de porter ces intérêts auprès des pouvoirs publics, locaux, nationaux comme européens. L’UTP est notre maison commune qui permet d’unir nos forces.

Interview croisé

Comment l’UTP se mobilise-t-elle pour faire face à la pénurie de 
 conducteurs ?


M.-A. D. : Les salariés du secteur sont au cœur de notre performance. Pour offrir aux usagers un service de haut niveau, il nous faut plus de transports publics, sur des amplitudes horaires et sur des territoires plus étendus, et donc plus de conducteurs, de mainteneurs, de techniciens, etc. Pour cela, nous devons mieux faire connaître nos métiers et attirer des candidats sur tout le territoire. C’est un enjeu majeur, car nous ne pourrons parvenir au report modal qu’en offrant aux voyageurs des solutions alternatives à la voiture, fiables et efficaces.

F. S. : C’est pourquoi l’UTP a signé, le 1er décembre, une convention avec le ministère du Travail, le ministère des Transports et Pôle Emploi. Cette convention entérine la coopération entre tous ces acteurs pour faciliter le recrutement. C’est à cette occasion que l’UTP a dévoilé la nouvelle marque employeur élaborée avec les entreprises du transport urbain: « Faites bouger les lignes », qui sera déployée au long cours. Côté ferroviaire, notre association Futur en Train remplit une double mission: le développement des formations aux métiers ferroviaires et leur promotion, notamment auprès des jeunes. Par ailleurs, les travaux engagés par l’UTP dans le cadre du programme France 2030 nous permettront de disposer d’un diagnostic précis de l’évolution de nos métiers et de nos besoins de compétences afin de mettre en place les outils de formation adaptés.

M.-A. D. : La thématique du recrutement sera au cœur de l’année 2023. La Coupe du monde de rugby en septembre 2023 sera la grande répétition avant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024, et l’offre supplémentaire va nécessiter le recrutement de conducteurs. Nous serons au rendez-vous, car nos opérateurs ont un savoir-faire de maîtrise des grands événements. J’ajoute que nous serons extrêmement attentifs à la réforme des lycées professionnels, qui peut être un atout pour notre métier.

Et la sûreté ?

M.-A. D. : C’est un sujet majeur. Nous regrettons qu’aucune traduction opérationnelle de la loi Savary-Leroux de 2016 n’ait encore été trouvée pour lutter contre la fraude. La fraude représente 600 millions à 700 millions d’euros de manque à gagner pour les transports. Une somme qui pourrait être réinvestie dans le fonctionnement et l’augmentation de la qualité de service ou les investissements. Mais elle reste dans la poche des fraudeurs. Alors que l’UTP a travaillé à l’élaboration d’une plateforme de vérification des adresses des contrevenants, il est temps de trouver avec les pouvoirs publics le bon dispositif opérationnel.

F. S. : La lutte contre les violences faites aux femmes est également une priorité pour l’UTP. Nous avons élaboré un guide, rédigé sur la base des retours d’expérience dans les réseaux, qui permet de constater à quel point nos adhérents sont engagés dans tous les territoires et dans tous les réseaux, quelle que soit leur taille. Ce sujet sera abordé, parmi d’autres, aux Rencontres nationales du transport public, qui se tiendront à Clermont-Ferrand du 17 au 19 octobre 2023. Ces trois jours permettent d’échanger avec tous les acteurs des transports publics et de la mobilité durable et de partager nos problématiques, ce qui en fait un moment très attendu par la profession.

Quelles sont vos attentes sur le plan économique ?

F. S. : En 2023, pour conforter notre modèle économique, il sera impératif de maintenir et consolider l’équilibre des trois ressources des transports publics : recettes voyageurs, Versement mobilité et financement des collectivités territoriales, tout en proposant de nouvelles sources de financement, comme, par exemple, le partage des plus-values immobilières qui augmentent avec l’arrivée de nouvelles infrastructures de transport. L’ambition de développer la part modale du ferroviaire mobilise tous nos adhérents et guide nos actions au quotidien. L’UTP suivra donc très attentivement les engagements du gouvernement à la suite de la remise à la Première ministre du rapport du Conseil d’orientation des infrastructures.

M.-A. D. : Si les opérateurs ont fait preuve d’une réelle résilience pendant la crise sanitaire, il faut maintenant engager un vrai choc d’offre: doubler la part des bus, métros et trams, doubler la part du transport ferroviaire (voyageurs et fret), pour que les transports publics continuent de répondre aux besoins quotidiens des Français, mais aussi pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre. Les opérateurs de transports y sont prêts, les citoyens nous le demandent, et l’urgence climatique nous y oblige. La concurrence, effective de longue date dans le transport urbain, et qui se développe dans le ferroviaire, contribue à faire émerger de nouveaux acteurs qui viennent enrichir l’offre au bénéfice des clients.

Comment voyez-vous la mobilité de demain, et comment l’UTP 
 y contribue-t-elle ?


F. S. : L’UTP multiplie les échanges et les partenariats pour affiner la vision de la mobilité de demain. Elle coorganisait par exemple en novembre 2022 un colloque annuel « Regards croisés sur les mobilités autonomes », et elle participait à la restitution des travaux de l’observatoire du MaaS sous l’égide du Cerema. Elle continue également de se mobiliser sur la sûreté, grâce notamment à un partenariat, en 2022, dans le cadre de la 7e Conférence internationale sur l’observation, l’analyse et la prévention de l’insécurité. Organisée par le CIPC, cette conférence portait cette année sur la sûreté dans les mobilités.

M.-A. D. : La mobilité de demain doit participer à un cadre de vie plus durable et plus apaisé. La décarbonation est évidemment une des clés, mais cela passe aussi par un meilleur partage de l’espace public, un meilleur maillage du territoire, et un respect mutuel des usagers de la rue. Elles ne sont pas des fins en soi, mais certaines technologies pourront y aider, comme les MaaS, la mobilité autonome ou les caméras intelligentes. La mobilité de demain est ambitieuse, mais assez simple à formuler: c’est pouvoir utiliser le bon mode, au bon moment, au bon endroit, pour le bon usage et dans de bonnes conditions.

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